Depuis quelques années, nous avons pris l’habitude d’aller passer la St Sylvestre entre amis en camping-car dans une région de France. Après l’Alsace, l’Aveyron et la Bretagne, c’est la Creuse qui nous offre l’opportunité d’un hébergement pour la soirée du réveillon. Une virée en val de Loire est aussi au programme.
Partis le lendemain de Noël, Nous ferons une première étape à Collonges-la-Rouge. L’air est frigorifiant, la pluie glaciale et le sol verglacé. Peu importe, la bonne humeur et l’ambiance sont au beau fixe, de plus, la couleur rouge de la pierre des constructions semble dégager une certaine chaleur.
Devant l’église du village, se trouve le four banal, comme dans beaucoup de citées médiévales, il permettait aux habitants de cuire leur pain. Pour cela, ils devaient s’acquitter d’une taxe qui portait le nom de banalité. Elle ne devait donc pas être très élevée, mais pour ne pas avoir à la payer tous les jours, on confectionnait des boules de pain assez grosses pour tenir la semaine.
La nuit est tombée lorsque nous parvenons à Valençay, éblouis par les illuminations de son château, nous décidons de faire étape ici.
Après avoir trouvé le parking derrière l’office de tourisme, nous allons faire un petit tour en ville. C’est avec un peu de déception que nous apprenons que le château ne se visite pas en hiver, dommage car il paraît magnifique.
Cheverny est une pure merveille classique, parfaitement symétrique, il pourrait sembler trop rigide, mais une série de douze médaillons en façade apporte à l’ensemble une rigoureuse fantaisie qui allège l’édifice. Le dessinateur Hergé ne s’y était pas trompé, en lui retirant les deux ailes extérieures pour ne conserver que la partie centrale, il avait crée le célèbre château de Moulinsart du capitaine Haddock dans sa bande dessinée Tintin et Milou.
La visite intérieure s’effectue dans une ambiance chaleureuse et vivante, comme s’il était habité. C’est d’ailleurs le cas pour sa partie supérieure bien entendu non visitable. Le personnel très disponible et courtois nous donne toute une foule de renseignements et d’anecdotes sur la vie du château. Est-ce la rareté des visiteurs ou la période des fêtes de fin d’année qui confèrent à ces lieux un caractère si convivial? Je pense que l'aménagement, le mobilier, les peintures et les tapisseries comptent pour beaucoup dans cette impression. Malgré la fraîcheur du temps la balade dans le parc jusqu’à l’orangerie ne manque pas d’attrait. Il ne faut pas non plus manquer le repas de la meute de cent vingt chiens, dréssés pour la chasse à courre.
Isolé au cœur de son immense domaine, Chambord collectionne à juste titre tous les superlatifs. Sa visite débute au pied de son célèbre escalier à double révolution. Au premier abord, nous nous sentons un peu perdus, ne sachant trop vers où nous diriger. Finalement, notre groupe se disperse, chacun effectuant la visite à son gré. Nous retrouvant ici ou là, nous échangeons nos impressions et nos sentiments, et nous reconnaissons tous que ces grandes pièces sont impersonnelles austères et froides. Il est vrai que nous sommes parfois surpris par des courants d’air assez vivifiants.
C’est de la terrasse que nous pouvons le mieux observer la richesse offerte par l’architecture renaissance, l’œil est sans cesse mis à contribution pour admirer les toitures, toutes hérissées d’une foule de lucarnes cheminées et lanternons. Les sculptures sont innombrables, surtout la salamandre, chère à François 1er. Symbolisant son pouvoir sur le feu « Nutico et extinguo » (Je m'en nourris et je l'éteins).
Remarque pour les campings-caristes. Attention au parking, avec des découpages de tranches horaires un peu bizarres, il peut s’avérer ne pas être très intéressant pour le porte-monnaie. Le mieux est de l’utiliser pour la visite, et, parait-il, de se le faire rembourser avec celle-ci. Puis d’aller dormir ailleurs.
Construit d’un appareillage de briques rouges et pierres blanches, le château royal de Blois est bien différent. Situé en pleine ville, il ne possède pas de parc. Dès l’entrée, c’est la statue équestre de Louis XII qui nous accueille. L’artiste a commis ici une erreur, car le cheval lève ses deux pattes droites en même temps, ce qui ne serrait pas possible dans la réalité.
Passé le porche, s’ouvre une cour agrémentée ici aussi d’un superbe escalier, mais cette fois-ci, il est extérieur à l’édifice.
L’atmosphère intérieure ressemble à celle des musées, tranquille et feutrée. Beaucoup de mobilier de faïences de sculptures et autres oeuvres sont exposés. Dans la pièce où fut assassiné le Duc de Guise, une peinture représente la scène.
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La Salamandre de François 1er est aussi très présente, elle tient compagnie au porc-épic de Louis XII « Qui s’y frotte s’y pique »
Un petit crochet par la région de Sancerre permettra à certains d’entre nous de compléter leurs caves à vins. Puis nous redescendrons vers la Creuse où nous fêterons très honorablement la Saint Sylvestre et la nouvelle année.
Nous n’avons pas le temps d’aller nous balader parmi les étangs de la Brenne. De toutes façons, il nous faudra bien revenir pour voir d’autres châteaux en d’autres saisons, entre le printemps et l’été pour profiter des jardins fleuris, ou bien en automne pour voir miroiter les couleurs propres à cette période dans les eaux de Loire.
Et puis, “ Sancerrement” parlant, la région ne manque pas d’atouts.
Marc Janvier 2010